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Client : CPAS de Bruxelles
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Adresse : Rue du Grand Hospice à Bruxelles
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Surface : 7000 m2
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Cout : 1710000Ç
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Livraison : Concours non remporté
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En association avec Ledroit Pierret Polet Architectes et L’Atelier d’Architecture Hebbelinck Dewitt


Parti urbanistique et paysager

Il est évident que le site de l’ancien béguinage bruxellois a connu au début du 19eme siècle une transformation radicale et que son état antérieur est difficile à faire remonter à la surface. Néanmoins, ces transformations ont donné naissance à un urbanisme d’une grande élégance. Le quartier du Grand Hospice présente une extrême cohérence architecturale dont la rationalité peut parfois lui conférer un caractère austère, caractère renforcé par un manque d’espaces verts dans un proche rayon. La rénovation de l’Hospice et de ses jardins fait l’objet d’un concours en 2016.
L’option a été prise de laisser l’accès au public à l’ensemble des espaces extérieurs du périmètre étudié, tout en maintenant ponctuellement des fermetures potentielles qui peuvent garantir un certain degré de privatisation et de contrôle la nuit ou à d’autres moments opportuns. Cette possibilité d’échange et de perméabilité entre le site et son contexte proche garantira la cohésion sociale et le sentiment d’appartenance à un quartier.

Alors que la cours sud (côté rue du Grand Hospice) est entourée de logements familiaux, son espace est aménagé comme un jardin contemplatif très dégagé, apaisant, sobre. Il met en scène l’architecture, permettant le recul. Il peut accueillir une multitude d’activités informelles et est animé par la grande terrasse bordant l’aile centrale, lieu de rassemblement par excellence, parfaitement orienté, et à niveau avec la galerie périphérique. L’allée axiale est en pente douce (2,5%) et fait le lien avec le niveau de l’entrée sud. Les revêtements sont en petites dalles de pierre bleue dont l’alternance de surfaces polies et bouchardées permettra l’apparition d’un motif subtil. Un emmarchement engazonné fait la transition entre la terrasse et la grande pelouse. Il permet de prendre le soleil ou d’observer les activités du jardin, il peut servir de gradin. De manière générale les bordures verticales et petits soutènements sont envisagés en acier galvanisé, choisi pour sa finesse et son mariage heureux avec la pierre calcaire.

La cour nord est bordée de logements pour personnes âgées. Afin de garantir une certaine activité dans son jardin, des fonctions collectives y sont implantées. Elles sont choisies pour renforcer l’échange entre les générations sans forcer des rencontres inopportunes (les jeux pour adolescents sont implantés dans l’allée ouest). On trouvera une aire de jeux pour les petits, tel un mikado géant, assurant le développement de la psychomotricité sous toutes ses formes ; un potager collectif sous forme de bacs surélevés permettant le travail aisé des personnes à mobilité réduite ; et un parcellaire en plein sol pour des productions plus variées ou répétées, y compris les petits fruits. Ces parcelles, accessibles à tous, sont implantées dans un maillage végétal taillé, qui accueille aussi un bac à sable et ses grues ludiques. Dans ce maillage bien exposé, les allées prennent place pour encourager à la déambulation. A chaque extrémité une petite zone d’assise conviviale prend place. Au cœur des alcôves, on trouve une belle terrasse à l’échelle plus domestique que celle de la cour sud.

Composition
La composition d’origine présente une division de chaque cour en quatre parterres identiques séparés par de larges allées transversales et bordées d’un parcours périphérique. (1) Ce dessin, une fois le parterre planté, disparaît sous l’emprise d’une végétation toujours plus envahissante. La lecture de l’espace, de ses proportions, de sa rythmique, est rendue difficile. La composition n’est plus au service du lieu et ne permet pas d’admirer l’architecture. (2)

La proposition s’efforce de renforcer le caractère végétal du lieu (en réduisant la largeur des allées d’origine, en supprimant le chemin périphérique qui semble faire double emploi avec la galerie, en étendant la surface des pelouses (3)) et de permettre une lecture optimale de l’espace global et de la pureté de cette architecture exceptionnelle (notamment en maintenant l’ouverture du vide, en limitant les plantations hautes et moyennes tiges et en préservant la référence à l’horizontalité dans le travail de la topographie). De la grande surface verte, on déduit le long parcours axial nord sud, en pente douce, plus étroit que l’allée originelle ; et des parcours transversaux légèrement désaxés par rapport à la composition première, parce qu’ils relient les nouvelles distributions verticales et témoignent de leur époque. Ils sont la seule exception à la grande orthogonalité de l’ensemble. (4)

Une attention particulière est apportée au système de proportions et de rythme, de manière à conserver la grande harmonie de l’ensemble ; mais aussi à la gestion de la topographie, afin de maintenir une accessibilité aisée des cheminements qui entaillent délicatement la surface végétalisée grâce au système de bordures métalliques qui leur confère la finesse.

Plantations
Afin que la poésie s’immisce dans cet ordre rigoureux, les plantations prennent dans les cours un peu de liberté. Les arbres hautes tiges sont plantés en un groupe serré dans chaque cour mais sans géométrie autre que l’aléatoire. L’essence sera choisie pour son développement (limité), la couleur et la légèreté de son feuillage, sa noblesse.
Le hêtre taillé apparaît dans les deux cours, il fait référence à la tradition des jardins à la française mais selon des formes ici réinterprétées, notamment au travers des alcôves circulaires permettant l’isolement dans la cour sud au pied des marronniers, ou encore dans le système d’écrans entre les parcelles potagères de la cour nord.
Sous les arbres hautes tiges un tapis de couvre-sols persistants prend place et crée un atmosphère de sous-bois.

Les fleurs apparaissent en différents lieux pour créer la surprise et diffuser leur parfum:
- Dans la partie extrême sud de la cour sud, à l’ombre de l’aile de la rue du Grand Hospice, une végétation herbacée haute prend place : un massif de vivaces et de graminées prend naturellement place dans le gazon pour enrichir l’ambiance à l’ombre de l’entrée. (Anémones du japon, Ancolies, Fougères, Luzules et Carex…). Ce massif est le fond de perspective du jardin depuis la grande terrasse.
- Dans les zones de sous-bois, entre les plants de couvre-sols, des bulbes se relayent au fil des saisons : perce-neige, jonquilles et narcisses, tulipes, aïl ornemental,…
- Dans le maillage de haies taillées et de bacs structurant le potager, une trame de rosiers et de chèvrefeuilles grimpants se dispose de manière aléatoire dans la géométrie orthogonale et assure une belle ambiance et une cohérence de l’ensemble quelles que soient les productions. Une charte de plantation peut d’ailleurs être envisagée avec les utilisateurs pour garantir l’harmonie du potager collectif.