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La recherche s’oriente, pendant la phase esquisse, sur un aménagement à deux composantes exclusives, l’orge et le houblon, en lien avec les logiques de la scénographie. L’aménagement sera identique sur les deux mezzanines apparaissant comme une parenthèse dans le parcours scénographique.

Deux défis sont à relever :
Le premier est lié au contexte direct, une ambiance intérieure à température et éclairage artificiels, qui rend l’exercice du jardin très particulier et impose le suivi par une équipe scientifique. L’orge et le houblon sont deux plantes au fonctionnement différent, l’une annuelle et l’autre vivace, et nécessitent donc des interventions spécifiques, en particulier à partir du moment où l’on envisage une forme de « désaisonnement » permettant de garantir toute l’année une végétation luxuriante. Un travail de recherche est donc mis en route dans les serres de l’UCL afin d’optimiser les résultats. En reproduisant en laboratoire les conditions particulières de mezzanines, les chercheurs pourront tester les paramètres particuliers qui garantiront la végétation la plus riche et la plus démonstrative, notamment au niveau de la floraison du houblon.

L’autre est lié à la question de la composition. Comment garantir un résultat poétique avec seulement deux variétés de plantes et des contraintes techniques énormes ? L’aménagement est envisagé de manière à rendre le sentiment d’immersion le plus intense possible.

Stratégies spatiales

Quelques choix ont été faits en fonction des contraintes spatiales : De plus grandes surfaces ont été dédiées au houblon qu’à l’orge, car la plante est nettement plus intéressante de par son développement vertical imposant et la production de fleurs et de fruits.
La zone dédiée au houblon est implantée le long du garde-corps côté espace central, afin que les plantes soient visibles, grâce à leur haut développement, depuis le parquet, ce qui ne serait pas possible avec l’orge.
Puisque deux portes donnent accès, dans la même élévation intérieure, à chacune des mezzanines, in est envisagés deux parcours parallèles, un le long de la verrière à côté des plantations d’orges, l’autre au centre de l’espace entre les tuteurs de houblons. Si l’on opte pour le passage extérieur dans le premier jardin, on choisira le passage intérieur dans le second.

L’orientation des verrières latérales n’aura que peu d’impact sur le développement des plantes parce que la luminosité sera principalement maîtrisée par l’éclairage artificiel. Cet éclairage spécifique a une couleur très froide qui engage le projet dans une atmosphère clinique que l’aménagement se propose d’assumer. Ainsi les matériaux proposés sont métalliques, dans l’esprit des équipements scientifiques de serres et de laboratoires, mais ces choix sont à préciser avec les architectes. Le sol est envisagé comme un grand caillebotis en métal déployé laqué et modulé, il est installé au niveau des autres salles, 40 cm plus haut que le niveau d’origine. Les bacs de plantation du houblon sont intégrés dans l’épaisseur entre les deux, les ficelles-tuteurs semblent sortir du sol. L’orge, elle, est installée sur des tabes à roulettes, de manière à se développer à hauteur du regard.

A propos des plantes

L’orge est une céréale, et donc une plante annuelle à durée de vie limitée.
Elle est produite par semis en pleine terre. Les semis devront être réalisés directement dans les pots, leur transplantation est délicate. Pour ce faire, une chambre de germination sera installée dans un local technique.
Il sera possible de "dé-saisonner" les semis de céréales puisque les orges sont des céréales "de printemps": celles-ci ne nécessitent pas de période d'hibernation pour germer, on peut donc les semer n'importe quand dans l'année.
Le plant céréalier a une durée de vie de 4 à 6 mois: pendant 3 mois après le semis il pousse et ressemble à une herbe, ensuite les épis apparaissent et tiennent 6 à 7 semaines, après quoi le plant faibli sous le poids des grains et doit être coupé.
Il faut donc envisager plusieurs stades de semis et une tournante (ressemer tous les mois) pour avoir toujours une série de plants en épis.

Le houblon est une vivace à rhizome. En champ, sa croissance reprend en mars/avril et la récolte des cônes se fait fin aout début septembre. Elle rentre ensuite en période de dormance jusqu’au printemps suivant.
Pour garantir la présence de végétation durant les mois d’hiver, il faudra cultiver la vivace comme une annuelle, et produire des plants plus tard dans la saison pour décaler leur période d’épanouissement, et donc fonctionner sur un système de rotation comme les céréales.
L’idée proposée par l’UCL, afin de garantir d’avoir toujours une série de plants en fleurs à côtés d’autres à divers stades de développement, serait d’imposer une durée du jour constante mais inférieure au seuil critique. Cela veut dire que dès que la plante aura atteint son nombre de nœuds pour pouvoir fleurir, elle va fleurir. Pour retarder cette floraison le plus possible et éviter que nos plantes ne fassent que 3 mètres, il faudrait imposer une durée d'éclairement la plus proche possible du seuil critique, typiquement aux alentours de 15h de lumière.

Concernant le tuteurage, à partir du moment où l’on accepte que le lot de plante le plus jeune ou le plus âgé ne se situe pas toujours au même endroit (et donc, pas de nécessité de déplacer les lots de plantes), on peut envisager un système de câblage horizontal au plafond, auquel seront fixées les ficelles servant de support aux tiges. Ces ficelles devront peut-être prendre une légère inclinaison pour garantir l’optimisation de la prise de lumière.

Combinatoire

Plusieurs systèmes de combinaison des lots de plantes en fonction de leur maturité ont été envisagés afin de prendre conscience de l’impact spatial que cela peut avoir. Quelle que soit la règle retenue, le système de ficelle aura la même hauteur pour l’ensemble de lots et définira à lui seul une forme de cohérence, un quadrillage du volume qui renforcera le sentiment d’immersion.